Histoire de la CFAO >> LA CFAO AU NIGER
La Compagnie française de l’Afrique occidentale au Niger

Hassane Gandah Nabi, doctorant au Labo SEDET, Université Paris 7- Denis Diderot

Résumé : Fondée en 1887, implantée au Niger depuis 1926, la Compagnie Française de l’Afrique Occidentale (CFAO) fait preuve de dynamisme dans la diffusion de son infrastructure commerciale, surtout dans les villes de l’est et du centre : Maradi, Tahoua et Zinder. Produits textiles et d’habillement dominent les importations, suivis par la métallurgie, l’alimentation et les ustensiles de ménage. Une arachide d’excellente qualité, en plein essor, fournit le gros des exportations avec les cuirs, les peaux et la gomme arabique. La proportion des échanges ne doit pas masquer des pratiques commerciales qui ne favorisent pas toujours les acheteurs. Après l’indépendance du Niger en 1960, la CFAO doit opérer un recentrage sur le commerce de gros et la grande distribution, mais elle subit les aléas d’une conjoncture déprimée.

Mots clés : comptoirs et factoreries, flux commerciaux, arachide, restructuration.

Abstract: The French Company of western Africa (CFAO), which was founded in 1887 and settled in Niger in 1926, displays a remarkable dynamism in the diffusion of its commercial infrastructure, particularly in the cities from the East and the center: Maradi, Tahoua and Zinder. Imports are mainly textile and clothing, followed by steel industry, food and domestic tools. As for exports, they are mainly constituted by an excellent peanut (a thriving business), and by leather and gum arabic. One should not be mistaken by the scale of exchanges, commercial practices do not always favour the buyers. After Niger’s independence, in 1960, the French Company of Western Africa (CFAO) had to focus exclusively on the wholesale business and large-scale distribution, but it was hit by the economic slump.

Keywords: trading posts and factories, commercial flows, peanut, restructuring.

La Compagnie française de l’Afrique occidentale (ou Cfao) est une société anonyme, une firme relativement ancienne, parce qu'ayant prit la relève ou l'héritage de plusieurs entreprises de traite du XIXe siècle. Elle fut fondée à Marseille à la fin du XIXe siècle, précisément en août 1887 par Frédéric Bohn. Elle reprit l’actif de la Compagnie du Sénégal et de la côte occidentale d'Afrique fondée en 1881. Au capital de sept millions de francs français, finançant en 1893 la fondation de la compagnie de sel aggloméré, rachetant en 1898 la Société française de Côte-d’Ivoire, la CFAO s'impose rapidement comme la première maison de commerce de l'Afrique noire française. Marseillaise de son origine, la Cfao durant toute son existence sera souvent en âpre concurrence avec les maisons commerciales parisiennes et bordelaises. Dans la première décennie du xxe siècle elle comptait 150 comptoirs ou agences et 460 cadres et employés[i].

Cependant la réussite de la CFAO ne tenait pas seulement au fait de multiplier des comptoirs et des factoreries, mais plutôt au dynamisme, à la volonté et à la rigueur de ses dirigeants qui ont toujours su lui inculquer une cohésion, un esprit commercial et une méthode de gestion qui expliquent la pérennité séculaire de la compagnie. En effet, c’est cet esprit de combativité, cette stratégie d’essaimage et cette volonté de compétition commerciale que H.Bonin évoque en écrivant que « la principale force de l’entreprise, ce sont ses hommes, ses dirigeants, qui veillent aux choix stratégiques et à l’organisation, mais aussi ses cadres, qui font tourner ‘’la machine’’ sur le terrain, et ses employés, en ‘’fantassins de la vente’’»[ii].

Cette animation de la CFAO a été principalement l’œuvre de F. Bohn (Président-directeur) et J. Le Cesne (Vice-président-délégué), auxquels s’ajoute l’effort d’hommes de terrain tel que Maillat et Mathon ainsi que plusieurs hommes dirigeants de comptoir, tous des expatriés jusqu’aux années 1950-1960.

1. La diffusion du système commercial de la CFAO au Niger

Installée au Niger depuis 1926 en pleine période de « mise en valeur » de la colonie, la CFAO est l’une des premières sociétés représentatives du commerce extérieur français. Jusqu'en 1960, la principale activité de cette compagnie a consisté à drainer l’arachide, la gomme arabique et les cuirs et peaux vers la France pour le ravitaillement de ses industries. En retour, la CFAO devait approvisionner les populations nigériennes en diverses marchandises. Sa méthode d'exercice, à l’instar de la plupart de ses consœurs, consiste à disposer dans chaque colonie d'un comptoir central doté de magasins et annexes, sous la direction d'un agent général. Dans les lieux éloignés que sont les brousses, fonctionnent les factoreries qui sont des boutiques dirigées cette fois-ci par un agent local. Ce sont des points de troc, de vente et d'achat où, dans un premier temps, les produits locaux apportés par les producteurs africains sont reçus et pesés. Dans un deuxième temps, les paysans dépensent l’argent qui leur est versé en achetant les marchandises de traite d'origine européenne[iii].

Les secteurs de l'alimentation et de l'habillement constituent les premiers domaines sur lesquels la CFAO a beaucoup misé en Afrique dans ses importations de marchandises manufacturées. L'objectif était de mettre la clientèle africaine au contact de nouveaux produits, ce qui a contribué peu à peu à l’évolution du genre de vie des Africains et leurs habitudes de consommation, notamment pour ce qui concerne les produits durables, les biens d’équipement du foyer. C'est pourquoi des produits alimentaires comme le sucre, la farine, le riz; des produits vestimentaires constitués de différents tissus et de la friperie ; des objets ornementaux comme les perles et la porcelaine; des produits chimiques comme les pastilles Valda qui sont désormais devenus incontournables, occupent une bonne place dans les importations de la CFAO en Afrique de l'Ouest.

On peut également mentionner, dans le domaine de la chasse et de la pêche, des fusils de traite fonctionnant à la poudre[iv], surtout en pays de forêt et de plantation. Pour la pêche sont vendus lignes, filets, hameçons, ainsi que du plomb pour les lester. Dans le domaine de l'éclairage, du chauffage et du froid, la CFAO en l'absence de l'électricité à l'époque, satisfait ses clients par la vente surtout de bougies, des lampes fonctionnant au pétrole, des lanternes-tempête ainsi que des lampes-torche électriques à piles cylindriques. Sont aussi vendus des réchauds fonctionnant au pétrole sous pression mais très rarement des réfrigérateurs fonctionnant également au pétrole. Dans les zones où existent les colporteurs, et surtout les missionnaires chargés de l'expansion du christianisme, la CFAO s'est intéressée à la vente de bicyclettes de marques Hercules et Peugeot qui sont les plus recherchées à l'époque. Pour ce qui est de l'automobile, l'absence de cargo adapté à leur importation oblige la CFAO, concessionnaire de Ford à Dakar et en Côte-d'Ivoire, à appliquer la méthode d'importation par démontage et remontage sur place.

Les matériaux de construction sont vendus proportionnellement à la progression des colonies dans ce domaine, notamment le ciment, le fer à béton, les tuiles de couverture plastique, les tuyaux, etc. Pour ce qui est du matériel d'exploitation et de la quincaillerie la compagnie offre dans ses rayonnages, des balances romaines ou Roberval, des bascules, différents sacs pour contenir les produits, des machettes aciers à manche en bois et des haches pour forestier. On notait également dans cette catégorie les différents cadenas, les serrures, les coffres, du grillage, ainsi que des clous et des vis variées. En papeterie la CFAO offre surtout des feuilles et des enveloppes. Dans le domaine de l'ameublement, les ventes sont encore rares, car les articles sont trop encombrants, et surtout le genre de vie local garde sa spécificité ; cependant dans les grands centres la CFAO vend quelques fois des matelas, des coussins et des moustiquaires. Les articles de ménage sont par contre abondants ; on y trouve des assiettes, des bols, des bouilloires destinées entre autre aux ablutions, ainsi que des pots, des cuvettes et des gobelets. Cette liste comprend des marmites tripodes, des fers à repasser à braise, des brouettes, des sceaux, etc. Essence, huiles et graisses variées, gasoil et surtout le pétrole sont importés par la CFAO et vendus en détail comme produits pétroliers.

L'analyse de cette nomenclature éclaire la stratégie majeure ou la tactique commerciale appliquée par la CFAO pour conquérir des débouchés dans les populations ouest africaines. Celle-ci vise notamment à bousculer le système d'autosubsistance dans lequel vivent une grosse majorité d’Africains. Pour ce faire, il convient de créer progressivement chez eux des besoins nouveaux, afin de faire de ces derniers des consommateurs et utilisateurs captifs qui ne peuvent plus se passer de l'utilisation de ces produits manufacturés. C'est donc par une rupture insensible entre l'Africain et son milieu traditionnel que se constitue et se développe cette relative dépendance vis-à-vis des produits manufacturés. Au Niger comme dans les autres territoires, après avoir déployé ses installations, la CFAO déploie donc le savoir-faire de son commerce colonial. Les zones fortement peuplées de la colonie sont progressivement pénétrées – et ce nouveau mode de vie et consommation s’esquisse en parallèle avec la mise en place du nouveau mode de développement économique que promeut l'administration coloniale au fur et à mesure de sa diffusion. L'import-export colonial constitue peu à peu un élément décisif de la vie des populations nigériennes.

Son application passe par une organisation économique et sociale ramifiée. A la tête de sa succursale de la colonie du Niger, la CFAO a placé l’agent général ou l’agent principal : ce dernier doit en principe résider dans la principale ville où siège la compagnie, c’est à dire à Maradi, mais en réalité il réside pour des raisons pratiques à Cotonou. Son rôle est de veiller à l’application des grandes lignes de la politique à suivre au niveau de tous les comptoirs de la colonie, en même temps qu’il les contrôle. Un chef de zone ou de secteur est mis en place là où l’éloignement pose problème. Les agents - au nombre de quatre au Niger, à Maradi, Zinder, Tahoua et Niamey- ou chefs de comptoir ou gérants sont les responsables des différents comptoirs et factoreries qui sont pour les habitants de la colonie les organes les plus représentatifs de la CFAO, quoique variables en dimensions selon les lieux.
Enfin, à la base, les traitants sont de petits commerçants, oeuvrant sous l’autorité des employés précités. Au regard de l’immensité de la colonie du Niger, pour atteindre les populations et surtout le producteur, les maisons de commerce européennes avaient recours à des nombreux intermédiaires qui sillonnaient les marchés de brousse sur leurs chameaux et ânes.

Si les cadres sont tous d’origine européenne, la majorité des employés sont d’origine locale. Ainsi, en 1949 dans le cercle de Zinder et à Zinder ville, la Cfao emploie un seul Européen et douze Africains.[v] Souvent, dans les autres territoires, le recrutement du personnel s’effectue au niveau de la colonie au sein des écoles et missions religieuses ; or, au Niger, la CFAO puise dans les familles des chefferies et des commerçants influents locaux. Cependant, avant de débuter le recrutement, la plupart des maisons de commerce du Niger avait d’abord engagé des Nigérians (parfois aussi d’autres nationalités) qui avaient devancé les Nigériens dans leur familiarisation avec les opérations de traite et ont donc contribué à la formation des Nigériens dans ce domaine, avant d’être progressivement remplacés par ces derniers.

Avant le code du travail de 1952 réglementant les rapports juridiques entre employeurs et employés dans les territoires colonisés par la France, les engagements ne reposaient sur aucun document ou acte écrit et de ce fait étaient généralement verbaux. Ainsi contrairement au personnel européen, et en dehors de la pose hebdomadaire et dominicale, aucun congé n’est prévu pour le personnel africain utilisé à temps plein par la CFAO. Les traitants, qui constituent l’autre partie du personnel ne sont utilisés que temporairement ; comme leur nom l’indique, ils ne travaille que d’une façon tout à fait saisonnière, pendant la traite des arachides par exemple, qui dure quelques semaines seulement. La main-d’œuvre salariée était très peu nombreuse dans la colonie du Niger du fait notamment de l’absence d’entreprise commerciale dépassant l’envergure de la Cfao, leur rémunération reste modeste : ainsi en 1934, un manœuvre conformément à la pratique dans la colonie et en fonction des localités pouvait gagner mensuellement un salaire fluctuant entre 1,5 et 6 francs[vi]. Ce salaire, comparé aux prix des produits vivriers entre 1926 et 1935, équivaut à un peu plus de 6 kg de mil ou 2 kg de riz dans la subdivision de Niamey.

2. La couverture des grands centres

L’Est et le Centre du Niger, domaine par excellence des grandes villes à tradition commerciale ont donc été la zone des premières affaires de la CFAO-Niger. Maradi a été la première étape où la CFAO a instauré sa direction ; elle avait également installé des factoreries à Madarounfa, Dakoro et Tessaoua. Le cercle de Maradi se prête bien à cette installation dans la mesure où, depuis 1923, un arrêté des autorités coloniales a décidé de la création d’un marché entre la ville dite africaine et le quartier administratif[vii]. Plus tard, en 1927, ce site, transféré plus à l’ouest puis amélioré, devient un centre très actif qui rassemble tout le commerce. En effet, toutes les compagnies européennes au fur et à mesure de leur arrivée, s’installent sur le pourtour de ce nouveau marché. Dans les éléments qui ont fait de Maradi la première ville attrayante du point de vue commercial pour la CFAO, on peut également mentionner l’installation de la première ligne téléphonique en 1924, celle qui reliait Maradi à Zinder, facilitant ainsi les transactions commerciales.

Après Maradi, la CFAO installe un comptoir en 1926 à Zinder, ville de tradition commerciale séculaire à cause de l’importance qu’elle occupait dans le commerce caravanier, et premier chef-lieu de la colonie ; ce comptoir est complété par une factorerie à Magaria ; puis en 1949, la société s'établit à Tahoua[viii]. Multipliant comptoirs et factoreries, elle est devenue la première maison de traite de la colonie. En s’implantant au cœur des circuits commerciaux de l’est et du centre de la colonie du Niger, la CFAO contrôle aussi bien la distribution des produits manufacturés importés d’Europe que la commercialisation des arachides. Le choix de la CFAO-Niger n’est pas fortuit : ce point de vue, ce sont non seulement les centres traditionnellement reliés au commerce transsaharien, mais aussi les plus importants numériquement qui sont choisis. En effet, jusqu'en 1950, Maradi est la quatrième agglomération de la colonie du Niger avec approximativement 8 700 habitants, derrière Zinder, avec environ 9 500 habitants, Tahoua, avec à peu prés 10 748 habitants, puis Niamey 11 790 habitants[ix]. La population de la colonie du Niger est passée dans son ensemble de 890 000 habitants en 1913 à 1 750 000 en 1936.[x] On peut affirmer sans risque de se tromper que cette importance numérique de la population du Niger par rapport à d’autres colonies françaises, par exemple en Aef, a incité la CFAO à prospecter ce marché qui lui a paru relativement moins étroit à exploiter que certains autres territoires colonisés par la France.

3. Les flux classiques d’importation par la CFAO au Niger

Les marchandises importées par la CFAO au Niger, comme dans tous les pays de savane islamisés, portent spécialement sur l’habillement. Puis, progressivement, l’importation d’articles manufacturés divers remplace les ustensiles et équipements traditionnels et autochtones qui étaient localement utilisés dans l’alimentation et l’équipement. Ainsi s’explique l’expansion dont bénéficient les affaires de la société dans ses flux d’importation vers la colonie entre 1926 et 1939.

Tableau N° 1 : Importations de Tissus par la CFAO dans
le cercle de Maradi, à Maradi ville.

Type de tissus en KG
ANNEE 1937
ANNEE 1938
ANNEE 1939
Tissus de coton écru
2. 283
283
5. 227
tissus de coton blanchi
4. 230
1. 034
5. 799
Tissus coton Guinée
1. 477
2. 856
12. 332
Tissus coton teint autre
588
205
-
Tissus coton teint imprimé et fabriqué avec fils teints
495
-
213
Tissus façonnés
2. 607
172
-
couvertures communes
3. 605
-
2. 611
Bonneterie (Gilets)
-
-
100
Fils de coton
183
-
141
Fès
50
-
61
Totaux
15. 518 KG
4. 550 KG
26. 484 KG
Source des données : A.N.N. 1 Q 25.8 ; relevés des antériorités des maisons de commerce des années 1937 à 1944

En symétrie de l'arachide qui constitue son poste majeur et son produit essentiel d'exportation, les tissus représentent la principale marchandise d'importation de la CFAO au Niger. La société a en effet très tôt réussi à détourner les populations locales du secteur de la production vestimentaire traditionnelle, d’où, pendant les années 1937, 1938 et 1939 qui nous servent de point d’appui pour cette analyse, l’ampleur des importations de tissus divers.

Tableau n° 2: Importation de Textiles dans le cercle de Zinder en 1938-1939
IMPORTATEURS
QUANTITE
KG
%
ABED
5.622
‘’
0.80
ARDITI & RUETSH
29.773
‘’
4.25
C.F.A.O
55.570
‘’
7.90
C.N.F
253.218
‘’
35.75
PERSONNAZ & G
13.686
‘’
1.95
PETROCOKINO
23.887
‘’
3.35
S.C.O.A
323.146
‘’
46.00
TOTAUX
704.902
KG
100.00
Source des données : A.N.N. 1Q 25 8 relevés des antériorités des maisons de commerce des années 1937 à 1944.

Le secteur des textiles constitue le meilleur marché du commerce colonial au Niger. C'est pourquoi il est exploité par l'ensemble des maisons commerciales en activité, d’où une forte concurrence. A la veille de la seconde guerre mondiale, la principale rivale de la CFAO, la S.C.O.A dispose de la plus grande quantité, avec 323 146 Kg soit 46% de la totalité des importations. La CFAO vient en troisième position après la Compagnie du Niger Français (C.N.F, filiale de Lever puis d’Unilever) avec 55 570 Kg. Ces trois sociétés commerciales sont les plus importantes de la colonie. Dans le cercle de Zinder, sur plus de 700 tonnes représentant la totalité des importations des textiles effectuées à la veille de la Seconde Guerre mondiale par l’ensemble des maisons de commerce, la CFAO occupe le troisième rang derrière la SCOA et la Compagnie du Niger français avec 7,90 % des importations[xi]. Cependant, devant les textiles venaient les cotons filés importés pour les tisserands traditionnels, ainsi que de multiples colorants tel que le bleu chimique pour les teinturiers.

Tableau n° 3: Importation de produits alimentaires dans la colonie en 1938-1939 par la CFAO
DESIGNATION
QUANTITE EN KG
%
Lait


Fromages


Conserve de légume


Conserve de viande


Conserve de poisson


Pâte alimentaire


Chocolats


Sucre
15. 572
10, 85
Pomme de terre


Viande salée


Farine de blé
182
0, 80
Riz


Thé vert
4. 078
27, 90
Bières


Rhumes


Vin ordinaire


Légumes frais


Total
19. 832

Source des données : A.N.N. 1Q 25.8. Relevés des antériorités des maisons de commerce des années 1937 à 1944

La rareté des produits alimentaires dans les importations en 1938-1939, trouve son origine dans l'importance accordée par la CFAO au secteur de l'habillement. Ce dernier connaît des importations massives, à cause notamment de la forte concurrence qui caractérise le domaine. Durant cette période, en dehors du sucre, de la farine et du thé, la plupart des denrées alimentaires font défaut dans les importations de la CFAO au Niger.

Tableau n° 4 : Importation de biens d’équipement par la Cfao dans la colonie en 1938-1939
DESIGNATION
QUANTITE EN KG
%
Métaux ferreux
5. 735
2, 45
Métaux non fer.
208
2, 05
Papier Kraft
-
-
Pneumatique
-
-
Total
5. 943
4, 5 %
Source des données: A.N.N. 1Q 25.8 relevés des antériorités des maisons de commerce des années 1937 à 1944.

En 1938-1939, seuls les produits métallurgiques constituent les biens d'équipement importés par la CFAO, avec 2,45 % pour les produits issus de métaux ferreux et 2,05 % pour les produits issus de métaux non ferreux. Ces deux pourcentages, malgré leur faiblesse, témoignent de l'importance que commence à prendre le secteur de la construction dans lequel ils sont utilisés (tôles, poutrelles, etc.) en fonction du degré d’avancement de la colonie dans les domaines où ils sont utilisés. L’analyse synoptique des premières importations de la CFAO au Niger, du moins les premiers domaines dans lesquels elles étaient effectuées, fait apparaître que le secteur des textiles et de l’habillement prime sur les autres. Ensuite vient celui de l’alimentation avec diverses denrées ou marchandises manufacturées. Les autres articles d’équipement domestique se limitent essentiellement aux ustensiles de ménage en fonte, en aluminium, en tôles émaillées ou galvanisées ainsi que différents objets en plastique qui vont remplacer les calebasses et la poterie traditionnelles.

Les méthodes d’approvisionnement de la CFAO se font sur commande à partir des usines françaises surtout, puis aussi européennes. Dans ses importations, la CFAO s’est toujours trouvé confrontée, du fait notamment des conditions climatiques de la colonie (chaleur, sécheresse), au problème de la conservation de certaines denrées alimentaires. C’est pourquoi, dès le lieu de production européen, des précautions sont prises pour y remédier, en prenant soin d’étuver par exemple la farine, de mettre les beurres à l’état liquide dans des boîtes métalliques, les pâtes alimentaires en caissons de fer, etc. En dépit de toutes ces précautions, il arrive de voir par exemple des boîtes se gonfler, les paquets de pâtes alimentaires se craqueler, des bouchons de flacon se dessécher. En sus, à ces problèmes de conservation s’ajoutent les rongeurs et parfois les moisissures.

4. La CFAO, l’un des leviers des exportations nigériennes

En dépit de l’ampleur et de la variété des produits auxquels la CFAO s’intéresse en Afrique pour ses exportations, tel que mentionné dans la nomenclature, son intervention au Niger se réduit à l’arachide surtout, aux cuirs et peaux et, timidement à la gomme arabique.

A. Le poids de l’arachide dans le commerce des produits de la CFAO

Dans la colonie du Niger la traite de l’arachide est le moteur de la vie économique, en ce sens qu’elle anime dans un mouvement d’ensemble les hommes, l’argent, les marchés, les villes, les comptoirs et factoreries. A la veille de la deuxième guerre mondiale, l’administration coloniale du Niger a commencé à fixer les dates d’ouverture et de fermeture de la campagne des arachides : de novembre en avril. De même, elle fixe les lieux (marchés) dans lesquels doivent se dérouler la traite et en dehors desquels toute opération commerciale est interdite. Cette réglementation constitue à n’en point douter une limitation pour la C.F.A.O dans la recherche des arachides au niveau des producteurs et de ce fait un petit recul dans ses profits puisque l’objectif de l’administration est de faire se confronter les producteurs et les traitants sur un marché relativement ouvert à la concurrence, sans déséquilibres excessifs entre les deux parties dans le processus de fixation des prix, surtout dans une colonie où les ruraux sont encore peu habitués aux relations commerciales avec les représentants de grandes entités marchandes ou capitalistes.

Malgré tout, à l’image des autres firmes, la CFAO déploie ses propres méthodes et savoir-faire pour participer à la traite, d’autant plus que, jusqu’à la guerre, aucune disposition n’intervient pour fixer les prix de façon administrée. La traite des arachides est entièrement contrôlée par les maisons de commerce aussi bien dans la commercialisation que l’exportation en dehors du Niger. C’est pourquoi, ce sont des firmes comme la C.F.A.O qui offrent les conditions techniques et financières pour son organisation, par l’apport notamment du matériel composé de bascules, de sacs vides et surtout de l’argent. Sur les marchés, comme toutes les sociétés les plus importantes, elle délègue les tâches à des traitants indépendants qui ne sont autre que les employés temporaires de la compagnie et reçoivent chaque semaine la somme nécessaire aux opérations. Les traitants sont également munis d’une carte d’acheteur offerte par l’administration, ce qui leur permet d’utiliser des aires limitées par des murettes en banco ou en ciment appelées " plots " pour stocker les arachides. Pour recevoir à bon prix les arachides et de s’attirer les vendeurs, les traitants leur offrent quelques petits cadeaux pendant ou même avant la traite ; ils peuvent être sous forme de sacs vides, des pièces de tissus, de la cola, etc., ce qui crée un lien spécifique avec les producteurs, d’où le prestige dont jouissent ces traitants sur les marchés auprès de leurs fournisseurs plus ou moins attitrés.

Les résultats des pressions administratives en faveur de l’arachide et de l’extension de cette culture à travers presque l’ouest, le centre et l’est de la colonie conduisent après 1935 à ce qu’on appelle le boum de l’arachide, surtout à Maradi et à Zinder. Cette magnifique expansion dans le cercle de Maradi s’est traduite à la fin de 1935 par la vente de 3 527 tonnes[xii] d’arachides. De même qu’à Zinder, à la même date, l’arachide est plutôt abondante sur les marchés de Magaria, Sassoumbouroum, Dungass, Matamey et Rabantapki, à telle enseigne que 9 340 tonnes[xiii] sont alors vendues sur ces mêmes marchés. Comme en témoignent ces chiffres, l'expansion de l’arachide a pour conséquence la ruée, en plus de la CFAO, de plusieurs maisons commerciales en provenance du Nigeria. Leur percée est également suivie par les Libano-Syriens. Ce boum de l’arachide crée dans les cercles de Maradi et de Zinder un mouvement commercial d’une rare intensité et jusqu’alors inconnu.


Tableau n°5 : L’installation des maisons commerciales

LIEUX
Maisons et Commerçants

N° de lot
Maradi
WEIBEL
7

Cfao
25

Salim Abed.
12

Cnf
3

Scoa
1 et 4

Kalil Maroun
2

Elias John
16
Gazauoa
C.N.F.
?
Zinder
Moctar Ben Cheriff
?
Magaria
S.C.O.A.
1

Kalil Maroun
9

Raccah
15

C.F.A.O.
7

Mohsen
3

Minaise
10

Ambrosini
13

C.N.F.
?
Dungass
Raccah
?

Minaise
?

Kalil Maroun
?

C.N.F.
?
Sassoumbouroum
Raccah
?

Minaise
?

Mohsen
?

C.N.F.
?

Kalil Maroun
?

Weibel
?

S.C.O.A.
?
Bandé
Mohsen
?

C.N.F.
?
Tessaoua
C.N.F.
?

C.F.A.O.
?
Source des données: A.N.N. 1Q 4.20 Colonie du Niger. Affaires économiques: correspondances relatives à l'office de débouchés par les maisons de commerce exportatrices de produits coloniaux. 1935-1937

La CFAO est presque partout présente sur les lieux de production de l’arachide, d’où son importance en tant que grande maison de traite. De même, l’arachide constitue son poste majeur dans ses exportations à partir de la colonie du Niger. En dépit d’une absence de statistiques permettant de cerner la totalité de ses achats sur ces différents lieux à ce moment précis, la participation de la CFAO à la traite de l’arachide durant ces années d’avant guerre a été évaluée[xiv] à 28 % environ de l’ensemble des achats de la colonie. Pourquoi justement ce choix de base sur l’arachide parmi les éléments d’exportation ? La teneur importante en matières grasses des arachides du Niger témoigne de leur importance pour les milieux d’affaires marseillais et bordelais, d’où sa préférence dans la métropole : en effet, cette contenance en huile avec une acidité moindre classe l’arachide du Niger au-dessus des graines du Nigeria et même du Sénégal. C’est une culture récente sur des sols moins épuisés que dans ces deux pays.

Tableau N° 6: Analyse de la teneur en matières grasses des échantillons des arachides du Niger par la méthode d’épuisement par le sulfure de carbone, faite à Ségou le 5 -08 -1938
VARIETE ET NUMERO
DU BULLETIN D’ANALYSE
AMANDES
%
MATIERES
GRASSES %
BAOL- N° 58
70,4
46,9
LOUGA – N° 59
68,5
46,3
VOLETE – N° 60
77,3
40
Source des données : A.N.N. 1Q 9.4 Traite des arachides 1938-1939

En 1935-1937, sur les marchés de l’Est enregistrant les plus forts tonnages, la CFAO achète à 750 francs en moyenne la tonne d’arachides décortiquées. Sur les marchés de l’ouest, où l’arachide n’est pas abondante, mais où elle est valorisée, le prix d’achat en moyenne atteint 1 100 francs la tonne.[xv] Le prix moyen du transport d’une tonne - constituée par des sac en tissus de jute de 80 Kg - des points de traite au port d’embarquement, en passant par le Nigeria, en y comprenant la taxe de wharf, les droits de sortie et la taxe sur le chiffre d’affaires, revient alors environ à 1 474,75 francs à la CFAO ; par Cotonou, il s’établit à 829,10 francs, y compris les mêmes frais[xvi]. En Europe, plus particulièrement à Marseille, la CFAO vend la tonne décortiquée au cours de 2 150 francs ; la différence entre 2 150 et 1 474,75 soit 675,25 francs, ou entre 2 150 et 829,70 francs, soit 1 320,90 francs, illustre logiquement l’importance des profits que la CFAO réalise sur la tonne[xvii] - même en tenant compte des coûts de transport et d’entreposage. L’on doit noter que, à cette époque, il est vrai, où l’économie mondiale et le commerce d’importation connaissent un rebond après la crise de la première moitié des années 1930.

Plus tard, après la guerre, la campagne des arachides 1950-1951 est marquée par le contexte international de conjoncture de la guerre de Corée, du réarmement et de la reconstitution des stocks stratégiques, qui occasionnent une hausse des prix des matières premières ainsi que des marchandises manufacturées. La campagne 1950-1951 des arachides est marquée par conséquent par la hausse des cours ; la CFAO réalise alors d'importants bénéfices avec la vente à ces différents partenaires de 17 250 tonnes. L'arachide demeure donc le produit exportable du Niger le plus exploité par la CFAO. Au cours de cette campagne, les achats totaux d’arachides décortiquées de la CFAO s’élèvent à 4 082 088 kg, effectués à Maradi (1 245 019 kg), Magaria (2 881 285 kg) et Zinder (15 784 kg)[xviii]. D’après les contrats avec ses partenaires, les exportations de la compagnie s’établissent comme suit :

Tableau N° 7 : Ventes d’arachides de la campagne 1950 - 1951 de la Cfao à ses partenaires
DATES
TONNAGE VENDU
DESTINATION
14 -12- 1950
100 T
MARSEILLE
22 - 1 -1951
1000 T
LE HAVRE
23 - 1 - 1951
15 000 T
BORDEAUX
26 - 2 - 1951
1 000 T
CASABLANCA
9 - 2 - 1951
150 T
ALGER
TOTAL
17 250 T

Source des données : A.N.N.1Q 48.10. Territoire du Niger. Affaires économiques campagne de la traite desarachides du Niger-Ouest et Niger-Est: campagne 1950-1951

L'année 1957 marque le début effectif de l'exploitation et de l’approvisionnement du secteur des biens d’équipement mobilier et fournitures scolaires, complétant ainsi, les grands domaines d’intervention de la CFAO dans la colonie : les textiles, l’alimentation et l’équipement. Ce complément est logiquement suivi d'une augmentation des bénéfices réalisés. Ceux-ci s’expliquent aussi par l’exportation, pendant la campagne 1957-1958, de tonnages d’arachide jamais réalisés par la compagnie durant ses activités au Niger. La CFAO collecte durant cette campagne plus de 8 000 tonnes d’arachide, venant en première position devant ses concurrents (Dumoulin, SCOA, Chamchoum et Reutsch) dont les achats s’échelonnent entre 5 000 et 7 000 tonnes. Elle confirme ainsi sa supériorité commerciale par rapport aux autres maisons de la colonie, en réalisant par-là même sa phase d'exercice la plus prospère dans la colonie du Niger.



Tableau N° 8 : Achats par cercle, d’arachide par la CFAO pendant la campagne 1957-1958
Cercles
Tonnage arachide (en Kg)
Magaria
1 888 887
Maradi
1 877 876
Tessaoua
1 184 106
Zinder
319 935
Gouré
90 475
Konni
?
Dosso
1 292 106
Doutchi
1 084 468
Niamey
4 774
Terra
22 407
TOTAL
8 015 721
Source des données : A.N.N. 1Q 56.1. Territoire du Niger. Affaires économiques : rapport sur la campagne de commercialisation des arachides 1957-1958

B. La percée de la CFAO dans les cuirs et peaux et la gomme arabique.

La zone par excellence des cuirs et des peaux est l’Afrique sahélienne. Le cheptel de la colonie du Niger a été l’une de ses principales richesses intensément mises à contribution par la colonisation. L'abondance et la qualité des cuirs et des peaux ont incité la CFAO à s’intéresser à leur commercialisation. Cependant, dans ses premières exportations, la compagnie s’était trop peu intéressée à ces produits, surtout qu’aucune traite spécifique ne leur était consacrée à l’image de l’arachide, et il en était de même pour la gomme arabique.

En ce qui concerne les peaux, la CFAO a limité l’achat aux marchés de l’est de la colonie. L’absence des statistiques limite considérablement notre appréciation de l’exportation par la compagnie de ces produits. Mais des données permettent d’affirmer que les exportations de peaux de la colonie du Niger se sont élevées en 1936 pour les moutons et les chèvres à 205 907 kg.[xix] La CFAO s’intéresse surtout à la peau de la chèvre rousse de Maradi, qui est la qualité supérieure et qui s’était vendue en 1937 à 15 francs l’unité. Le prix des autres peaux de chèvre varie entre 4 et 8 francs[xx]. Pour les moutons, la compagnie achète la peau non tannée au prix moyen de 4 à 6 francs ; à Maradi, la peau tannée est achetée à 7 francs. Les peaux de chèvres étaient exportées par la CFAO dans des balles uniformes contenant 250 peaux environ, celles de mouton dans des balles uniformes contenant 200 peaux chacune. Pour les prix du transport de la tonne, la CFAO paye des points d’achat jusqu’à Kano entre 150 et 200 francs et de Kano à Lagos environ 2 365 francs.[xxi]

Pour les cuirs, les transactions concernent surtout les peaux de bœuf dont les exportations à la fin de l’année 1936 s’élèvent à 8 302 balles. La collecte comprend aussi des cuirs de boucherie traités frais ou retrempés et ceux qui venaient des brousses et qui étaient séchées. La CFAO les exporte dans des balles uniformes contenant 15 à 50 cuirs chacune jusqu’à Kano en payant comme pour les peaux entre 150 et 200 francs pour la tonne, et environ 1 830 francs pour la même tonne de Kano au port de Lagos[xxii]. Qu’il s’agisse des cuirs comme des peaux, la collecte peut se faire de façon simultanée avec la campagne des arachides, mais elle a lieu généralement après celle-ci. La CFAO utilise les mêmes réseaux d’acheteurs dont elle s’est dotée pour l’achat des arachides.

Le dernier produit concerne la gomme arabique. Sur le territoire de la colonie, les gommiers sont répandus de manière éparse. En 1934, on en trouve dans les cercles de Tillabéry, Niamey, Tahoua, Maradi et surtout à Gouré et à Tanout. Ce produit fait alors l’objet d’une grande attention de la part de l’administration coloniale. En effet à Zinder comme à Tahoua, à partir de 1935, des mesures sont prises en vue de la protection des gommiers contre les coupes, les feux et les abattages. Durant cette époque, les populations elles-mêmes ne sont pas convaincues de la rentabilité numéraire de la gomme. Compte tenu du fait que la production n’a pas pris de l’ampleur et ne permet pas un grand commerce de ce produit de la part des maisons comme la CFAO, elle est d’abord achetée en petites quantités successives par les sociétés de prévoyance qui la revend par la suite aux enchères (à environ 0,80 francs le kg). En 1935-1936, la production de gomme s’est élevée à 455 400 kg dans la colonie et le cours moyen du produit au milieu de l’année 1937 atteint entre 1,25 et 1,50 francs le kg[xxiii]. L’absence de statistiques rend difficile l'évaluation des exportations de la CFAO, mais elle s'intéresse à la gomme d'acacia vereck ou gomme dure qui représente la meilleure qualité disponible.

5. Une évaluation des pratiques commerciale de la CFAO

De 1926 à 1960, la CFAO s’est donc solidement installée au Niger, surtout dans les centres les plus peuplés de la colonie. Durant cette période, l'aspect essentiel de son commerce est constitué par l’exploitation économique et financière des populations nigériennes, dont les produits (arachides surtout, cuirs et peaux, gomme arabique) sont payés à des prix qu’on peut juger faibles si l’on tient compte de l’ensemble de la chaîne du produit jusqu’aux marchés européens. En contrepartie, les marchandises qu'elle importe leur sont vendues à des prix qu’on peut considérer comme fort élevés au regard du modeste pouvoir d'achat des producteurs nigériens.

Dans le cadre de la « mise en valeur » des contrées du Sahel et donc du Niger, la CFAO s’est déployée dans ces contrées et y a développé ses activités et ses profits en liaison étroite avec les autorités de la colonie, et ce même pendant les périodes de crise et de guerre. La société bénéficie d’abord d’une relative ségrégation coloniale puisque, à la différence des agents européens, les agents africains bénéficient d'un salaire dérisoire et n'ont pour congés que la pause hebdomadaire et dominicale. En dépit de quelques contraintes qui se limitent à des déclarations obligatoires des marchandises qu'elle importe, la CFAO a largement bénéficié de l’appui des autorités coloniales pour faire prospérer ses transactions ; elle a tiré parti avec talent de la mise en place des infrastructures routières et l’imposition de la culture quasi exclusive de l'arachide ; et elle a su mobiliser son influence auprès du gouvernement et des cercles pour favoriser l’épanouissement de son commerce colonial.

Comme celui-ci est dominé par les firmes européennes, elles sont en position de force, très souvent, pour imposer leurs conditions aux populations locales, d’ailleurs généralement traitées avec quelque condescendance par la plupart des commerçants d’origine européenne. Pourtant, parce qu’elle est consciente de la nécessité de respecter certaines règles morales, voire déontologiques, la CFAO a toujours donné des directives contre de telles dérives ; mais l’application des vœux de la compagnie mère a souvent souffert du tempérament et de la malhonnêteté de certains employés européens, qui ont commis de nombreuses entorses aux droits des paysans. Ainsi, la compagnie a toujours accordé avant même l’ouverture de la campagne de gros crédits en espèces et en marchandises à ses cadres de factorerie ; ceux-ci pouvaient alors concéder à leur tour des prêts aux paysans confrontés aux difficultés de la période de soudure, mais avec des taux très élevés et surtout l’obligation de s’adresser ensuite à la CFAO pour leurs ventes ou leurs achats. Fait plus grave encore, dans certains cas, le paysan est même obligé de vendre sur pied une partie ou parfois la totalité de sa récolte, afin de traverser les trois ou quatre mois de la période de soudure. Selon la Compagnie d’études et de recherches pour l’Afrique (COGERAF), ces formes de crédits feraient perdre aux Nigériens en 1961 environ 20 % des revenus qu’ils auraient pu retirer d’une commercialisation de leurs produits par le biais d’organismes de stockage ou d’organisation des marchés. L’utilisation de bascules truquées dans les marchés de la traite était également fréquente de la part des employés de certains commerçants.

De même, dans l’achat de certains produits, certaines pratiques semblent devoir être relevées : ainsi les commerçants européens s’entendent parfois au préalable, afin qu’un des leurs les achète à bas prix dans un premier temps ; dans un second temps, ces derniers se retrouvent pour partager le tonnage selon les bases convenues. C’est par cette méthode de complicité entre maisons commerciales que, en 1934, Wiebel et la CFAO ont obligé les producteurs de Maradi à vendre leurs arachides avec un manque à gagner considérable. Dans la vente de diverses marchandises, les clients se sont vus le plus souvent tromper sur la matière, la marque et la qualité des articles proposés. En 1929, Albert Londres après une visite à Bamako, écrit : « Nous leur envoyons une camelote insoupçonnable. Cette paire de chaussures est composée d’un soulier qui fut noir et d’un autre qui fut jaune. Le noir est un 40, le jaune est un 43… Des ciseaux dont les branches ne se touchent pas ; des couteaux qui ne coupent pas ; des miroirs qui ne reflètent pas ; des savons qui ne moussent pas ; des parfums !!!; des peignes sans dents ; des chandelles sans coton… et l’on pourrait aller jusqu’à dire des flûtes sans trous !»[xxiv] Le témoignage de ce journaliste peut être à un certain égard considéré comme exagéré et nul ne peut prétendre que la CFAO elle-même aurait été partie prenante dans de telles manipulations ; mais il traduit l’idée selon laquelle les marchandises de traite offertes dans les comptoirs et factoreries demeurent souvent de mauvaise qualité. En plus, ils accueillent parfois des lots anciens qui n’ont pas trouvé preneurs sur le marché français ou européen.

Tous les avantages obtenus par les sociétés de gros et de détail ont permis une exploitation du marché nigérien relativement profonde par le biais de l'importation de marchandises diverses, ainsi qu’une collecte massive de l'arachide, de la gomme arabique et des cuirs et peaux en vue de leur exportation. Dans ce processus, la CFAO elle-même a largement contribué, par sa mission, à capter une large partie de l’intense mouvement commercial qui avait pris corps entre les populations du Niger et celles du Nigeria, en lui substituant son commerce de type européen. Elle a également pris part indirectement au mouvement qui a favorisé la relégation à un second plan des cultures vivrières au Niger au profit de la monoculture de rente de l’arachide qui intéressait les milieux d’affaires marseillais et autres.

6. La fin du commerce colonial classique de la CFAO au Niger

La seconde phase d’exercice qui va de 1960 à la fin des années 1990 est marquée par l’accès à la souveraineté du Niger et du désir du nouvel État à rationaliser la commercialisation des produits afin de relever le niveau de vie des masses. Comme l’ensemble des sociétés, la CFAO perd son rôle clé dans les affaires coloniales et commerciales après la création, à partir de 1962, de plusieurs organismes étatiques de commercialisation et d’exportation exclusive des produits nigériens (SONARA, COPRO-Niger, UNCC, SNCP). Dès lors, pour rester présente sur le marché nigérien, la CFAO-Niger se voit contrainte de se redéployer en amorçant son retrait de l’exportation des produits locaux et du réseau de comptoirs de vente au détail, pour se reporter sur les importations en gros et les ventes en gros et demi-gros qu’elle juge plus rentables. Ce redéploiement s’effectue en parallèle avec des investissements dans des grandes surfaces ou des grands magasins, dont au Niger le seul marché suffisamment important, celui de Niamey.

Dans les années 1970, lorsque la société mère procède à une ouverture de ses succursales africaines aux capitaux nationaux et privés, la CFAO-Niger devient en 1973 une société de droit local. Cette nouvelle transformation est suivie d’une politique d’intégration et de « nigériénisation » des agents de la société, ainsi que l’affirmation de l’option stratégique en faveur de ce qu’on appelle « le commerce spécialisé », avec plusieurs entités orientées vers « le commerce technique », autour de l’Agence centrale et divers départements : Central Motors, Electro-Hall et Structor (matériel électro-ménager, automobiles, véhicules utilitaires, générateurs d’électricité, matériel de climatisation et téléphonie, etc.), tandis que les activités classiques sont regroupées autour de Qualitex pour les tissus et de General Import pour les marchandises générales en gros et demi-gros. Désormais, la CFAO-Niger devient tributaire des fluctuations économiques et conjoncturelles propres au Niger.




De 15 milliards de francs CFA en 1973, l’évolution régressive du chiffre d’affaires s’explique par l’aggravation de la conjoncture au Niger, illustrée par le ralentissement continuel des commandes du marché gouvernemental et la crise des entreprises de bâtiment tout au long des années 1980. De 1982 à 1988, la situation s’est soldée pour la C.F.A.O-Niger par une perte de deux milliards de francs CFA.[xxv] La société s’est trouvée dans l’obligation de procéder à diverses restructurations et compressions du personnel. Ces chiffres rendent compte de la gravité de l'impact de la récession sur la compagnie, qui a continuellement licencié des agents de 1985 à 1988. Le nombre de départs volontaires des salariés culmine à 47 en 1989. La conséquence en a finalement été la réduction à 44 de l'effectif des agents en 1991, alors qu'il était de 216 en 1985 et de 300 personnes en 1973. Cette variation très prononcée du personnel traduit ainsi la baisse brutale des activités de la compagnie, due à la mévente de ses produits.

Dans cette situation de crise aggravée, en vue de réduire les charges de fonctionnement et d’affronter au mieux le contexte économique, la C.F.A.O décide de se restructurer à nouveau en janvier 1989. Elle abandonne les départements Structor et General Import (marchandises générales en gros et demi-gros) les plus touchés par la crise des débouchés ; les sous-agences de Maradi, Zinder et Tahoua sont définitivement fermées, ce qui réduit la représentation de la CFAO au Niger à l’agence de Niamey. Les départements restés en fonction, en occurrence l’Agence centrale (automobiles), Electro Hall et Qualitex, sont regroupés dans les locaux de l’Agence centrale (qui prend la nouvelle dénomination de Central Motors au cours de l'année 1998), plus connue sous le nom de "Maison Toyota " – car la CFAO est le distributeur de la firme japonaise en Afrique occidentale - et située dans la zone industrielle sur la route de l’Aéroport de Niamey. Après cette importante restructuration du 1er janvier 1989 réduisant ses activités à seulement trois départements sectoriels, la C.F.A.O-Niger a réalisé les chiffres d’affaires suivants :




Malgré la persistance de la baisse du chiffre d'affaires de 6 à 2 milliards de francs CFA entre 1989, année de restructuration de la compagnie et 1991, celle-ci peut résister à la crise. En dépit de cette régression du chiffre d’affaires, elle mise davantage sur l’importation en gros par le déblocage de sommes de sommes assez importantes. Une augmentation des activités d’importation de 1 à 3 milliards de francs CFA prouve la viabilité de la CFAO, qui résiste à la crise économique de même qu’à la dévaluation du franc CFA en 1994. Actuellement, la CFAO demeure une société anonyme au capital de 841 millions de francs CFA (en 1997). Ses actionnaires sont toujours Français avec 95 %, les Nigériens se partagent les 5 % restant. Sur son personnel de 57 agents, deux sont des expatriés. La CFAO-Niger n’a pas d’activités industrielles dans le pays, ni de participations dans d’autres entreprises locales. L’État étant son principal acheteur, la CFAO, à l’instar des autres entreprises poursuit aujourd’hui ses activités malgré les difficultés que traverse le Niger. C’est pourquoi son objectif primordial demeure de pouvoir tenir malgré la crise et de bâtir l’avenir en fonction d'un souhaitable développement économique et social qui pourrait stimuler ses activités et étendre ses débouchés.

Conclusion
Quel bilan établir des activités de la CFAO au Niger ?

Contrairement à ce que certains pouvaient croire, les importations de diverses marchandises n’ont jamais compensé les exportations des produits locaux. En dépit de l’usage de modes de consommation récemment introduits par la compagnie et ses consoeurs grâce à l’offre de biens d’équipement du foyer ou de l’exploitation rurale, la firme n’a pu à elle seule ou avec ses consoeurs porter la responsabilité de l’amélioration des conditions générales d’alimentation et des conditions de vie des populations. Certains produits de consommation et les denrées de luxe étaient d’abord destinés aux Européens installés en Afrique noire et aux strates de salariés dépendant des firmes européennes ; la majorité des marchandises générales et des biens d’équipement du foyer ou de l’exploitation rurale ou artisanale ne s’est répandue qu’au fil des décennies et selon des cheminements souvent inégalitaire selon les groupes sociaux, les villages, les régions. De ce fait le commerce colonial de la CFAO avec le Niger n’est pas un commerce d’échange fondé sur des rapports égaux, mais constitue une bonne illustration de la confrontation de deux systèmes économiques et de deux modes de vie et de travail.

A l’image même du système capitaliste et impérialiste dont la force est de pouvoir se transformer et de s’adapter à toute situation, la CFAO, société capitaliste, a toujours usé de sa force organisationnelle et commerciale pour promouvoir et défendre sa place au Niger. Elle a su avec discernement, après l'indépendance du Niger, effectuer un changement stratégique et se limiter aux importations de gros et demi-gros, après le retrait de ses activités de collecte des produits agricoles. De même, en 1973, lorsqu’elle devient société de droit local avec des effectifs à majorité nigérienne et avec une ouverture aux capitaux privés nigériens, on peut interpréter cette politique comme une volonté de renouveler les formes de son influence capitaliste et commerciale sur le marché nigérien et de maintenir ainsi sa présence dans un pays, dont l’indépendance n’a donc guère ébranlé ses propres positions économiques. Les achats qu’elle effectue au sein des sociétés nationales du Niger (BRANIGER, la société nigérienne de brasserie, la S.P.C.N ou Société des produits chimiques du Niger, la S.N.C ou Société nigérienne de cimenterie, la S.N.A ou Société nigérienne des allumettes, Niger-peinture, Wonder-Niger) pour nourrir son fonds de commerce peuvent également être interprétés comme le désir de garder des parts de marchés fortes en recourant aux productions locales, dont les barèmes de prix sont souvent plus intéressants.

En dépit de la perversion de l’économie traditionnelle nigérienne par le mouvement colonisateur, qui a entraîné de facto son intégration dans le système capitaliste international (et son économie de marché), l’installation de la CFAO au Niger n’aura pas seulement contribué à accentuer les effets négatifs du système d’exploitation économique colonial. En effet les exigences d’une analyse objective laissent apparaître aussi des apports bénéfiques à l’ensemble de la société nigérienne. Le premier reste évidemment le développement de la culture de l’arachide sur une zone de près de 1 000 km s’étendant de Dosso à Zinder, le long de la frontière nigériane. Cette production de l’arachide a en effet progressé de façon régulière jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. A la fin du conflit la production reprit de plus belle jusqu’aux années 1960, à partir desquelles elle est victime de l’irrégularité des saisons d’une année à l’autre et, surtout elle doit désormais s’écouler aux conditions du marché mondial. La bonne adaptation au sol nigérien avait rendu célèbre la qualité des arachides dans les milieux d’affaires français : le Niger est devenu après le Sénégal le deuxième producteur d’arachides en Aof. Avant le boum de l’uranium, cette culture a représenté en valeur plus de 60 % des exportations du pays, constituant à l’époque la principale source de revenu pour l’Etat.[xxvi]

Dans son système économique traditionnel, le Niger, à l’instar de plusieurs autres pays de la région soudano-sahélienne, utilise le troc pour ses échanges commerciaux. Cependant, avec le développement des activités de la CFAO au Niger, les populations ont assisté à l’uniformisation et à la vulgarisation d’une seule monnaie, qui se trouve être la monnaie nationale française, et à la diffusion de la « monétarisation » et de l’usage des signes monétaires « modernes », appuyés sur appareil administratif et bancaire. Grâce à cette monétarisation de l’économie, a pris fin le système souvent compliqué et long du troc, où différents objets jouaient le rôle de monnaie et qui en plus exigeait une confiance mutuelle entre les acteurs.

Évoluant loin de l’Europe, armée de ses puissantes industries issues de la révolution scientifique et technique, les populations nigériennes, à l’image de toute l’Afrique noire, ont été pour un temps tenues dans l’ignorance des avantages de cette industrialisation. Mais, avec les importations de la CFAO, elles ont pu entrer en contact avec différentes marchandises manufacturées : plusieurs produits méconnus ont pu devenir d’une manière progressive des éléments essentiels de la vie quotidienne ; la CFAO a donc largement contribué à l’approvisionnement en divers produits modernes de ce pays enclavé. Ce serait un truisme de mentionner que mise en place des infrastructures de base dans le pays ne vise pas en priorité à faciliter les contacts et les échanges entre populations nigériennes elles-mêmes ou entre celles-ci et les autres contrées du sahel, mais plutôt les flux gérés par les firmes européennes et l’Etat. L’objectif visé consiste à relier les zones de production de l’arachide à l’océan ; cela explique aisément d’ailleurs la faible présence de ces infrastructures dans les zones dépourvues de ressources exportables. Malgré tout, leur installation a largement bénéficié aux populations, et ce de la période de traite classique à nos jours.

Le dernier aspect bénéfique que nous avons retenu reste l’émergence d’une catégorie d’homme d’affaires, de riches et moyens commerçants, liés étroitement aux maisons commerciales européennes, enrichis ou formés par le commerce de traite[xxvii]. Ces intermédiaires autochtones sont ceux qui sont appelés à prendre la relève dans la commercialisation de l’arachide à la fin du commerce colonial classique et, après la création par l’État nigérien en 1962, à travailler avec les organismes publics. En dépit de la perversion du système économique traditionnel ayant abouti à l'intégration du Niger dans l’économie de marché et de l’inégalité dans les rapports commerciaux, voire certains abus, l’activité de la CFAO au Niger n’a pas été que négative puisqu’il en est résulté de nombreux apports bénéfiques aux populations nigériennes. Même s’il est vrai que ces apports n'ont guère contribué à une amélioration qualitative et quantitative du niveau de vie des populations, ces dernières ont quand même tiré profit du contact avec de nouvelles marchandises importées.

Telles sont, brièvement esquissées les conditions dans lesquelles la CFAO s’est implantée au Niger, ses domaines d'intervention et son rôle dans le processus de mise en dépendance de l'économie nigérienne vis-à-vis de l'ancienne puissance colonisatrice. Toutefois, une appréciation d'ensemble sur les mécanismes et les conditions de mise en dépendance économique du Niger ne sera possible que lorsque des recherches analogues sur les autres compagnies de négoce telles que la SCOA, la Compagnie du Niger français, la CFDT, la maison Personnaz & Gardin, les Établissements Peyrissac et Brossette-Valor seront effectuées, surtout en cette époque marquée par la mondialisation des échanges.

BIBLIOGRAPHIE


- ABADIE, M. (1927), La colonie du Niger, Paris, société d'éditions géographiques, maritimes et coloniales.
- ASSIDON, E. (1989), Le commerce captif, Paris, Harmattan.
- BONIN, H. (1987), La CFAO. Cent ans de compétition (1887-1987), Paris, Économica.
- BOUCHE, D.(1991), Histoire de la colonisation française (1815-1962 ), Paris, Fayard.
- BOUVIER, J. et alii (1976), L'impérialisme français d'avant 1914, Paris, La Haye, Éditions Mouton.
- CESSANS M.M. (1987-1988), Gestion de la trésorerie des entreprises : cas pratique de C.F.A.O et SCORE Niamey, mémoire de maîtrise en Sciences Économiques, option gestion des entreprises, F.S.E.J, Université de Niamey.
- COQUERY-VIDROVITCH, C. (1974), L'Afrique noire de 1800 à nos jours, Paris, P.U.F.
- COQUERY-VIDROVITCH, C. (1992), L'Afrique occidentale au temps des Français, Paris, Éditions la Découverte.
- COQUERY-VIDROVITCH, C. (1972), Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires, Mouton, Paris-La Haye.
- COQUERY-VIDROVITCH, C. (1975), « L'impact des intérêts coloniaux: S.C.O.A et CFAO dans l’Ouest africain, 1910-1965 » dans : Journal of African History, XVI, 4, PP. 595-621.
- D’ALMEIDA-TOPOR, H. (1993). L'Afrique au XXe siècle, Paris, A. Colin.
- D’ALMEIDA-TOPOR, H. (1976), « Crise commerciale et crise du système colonial en Afrique noire », in R.F.H.O.M, T.L. XIII, n° 232-233, 3e et 4e trimestre.
- D’ALMEIDA-TOPOR, H. et alii (1994), L'Europe et l'Afrique un siècle d'échanges économiques, Paris, A. Colin.
- Ediafric-La Documentation africaine (1983), Les 200 groupes français d'Afrique noire, 3e édition.
- GREGOIRE, E. (1990), Les Alhazaï de Maradi, Paris ORSTOM.
- HADARI, Z. (1991). Culture de l'arachide et mutations socio-économiques dans le Niger central : région de Maradi : 1920-1962, mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Niamey, F.L.S.H, Département d'Histoire.
- IDRISSA, O. (1970), Monographie de la Brossette-Valor, section comptabilité et gestion des entreprises, Niamey, E.N.A.
- ISSA, O. (1991-1992). Stratégie marketing et analyse financière de la CFAO-NIGER, mémoire de maîtrise en Sciences Économiques, option gestion des entreprises, F.S.E.J, Université de Niamey.
- KIMBA, I. (1987), La formation de la colonie du Niger 1880-1922 : des mythes à la politique du « mal nécessaire », Vol. V, Thèse d'État d'histoire, Université de Paris VII.
- « Le Niger », (1983), in, Répertoire des activités industrielles et commerciales de l'Afrique francophone, Abidjan, SEECI, PP. 654-734.
- Laboratoire Connaissance du Tiers Monde (1983), Actes du colloque entreprises et entrepreneurs en Afrique (XIXe-XXe siècles), Paris, Harmattan. (T1 et T2).
- LONDRES. A, Terre d’ébène (La traite des Noirs), Paris, Le Serpent à Plumes, 2000
- MARTIN, J. (1988), Lexique de la colonisation française, Paris, Dalloz.
- PEHAUT, Y. (1970 ), « L'arachide au Niger » in Études d'économie de la bibliothèque de l'institut d'études politiques de Bordeaux, série Afrique noire, Paris, Éditions A. Pedone.
- PLATON, P. (1970), « Le marché nigérien » in Marchés tropicaux et méditerranéens, n° 1301, 26e année.
- RAYMOND, V.(1986), Au temps des factoreries (1900-1950), Paris, Karthala.
- SALIFOU, A. (1977), Colonisation et sociétés indigènes au Niger de la fin du XIXe siècle à la veille de la deuxième guerre mondiale, volume 2, L’évolution économique et sociale du Niger dans le cadre français (thèse d’histoire), Université de Toulouse le Mirail.
- SALIFOU, A. (1989), Histoire du Niger, Paris, Nathan.
- SARRAUT, A. (1923), La mise en valeur des colonies françaises, Paris, Payot.
- SURET-CANALE, J. (1962), Afrique noire, l'ère coloniale 1900-1945, Paris, Éditions sociales.
- SURET-CANALE, J.(1972), L’Afrique noire de la colonisation aux indépendances 1945-1960, Paris, Éditions sociales.
- SURET-CANALE, J. (1987), Afrique et capitaux, T1 et T2, Paris, Éditions de l'Arbre Verdoyant.
- SOULEYMANE, O. (1970), Monographie de la S.C.O.A, section comptabilité et gestion des entreprises, Niamey, E.N.A.
- UNESCO (1989), Histoire générale de l'Afrique, VOL. VII, L'Afrique sous domination coloniale 1880-1935, Paris, Présence africaine, Edicef, UNESCO.


Notes :



[i] J.MARTIN, Lexique de la colonisation française, Paris, Dalloz, 1988, 94.
[ii] H. BONIN, CFAO cent ans de compétition, Paris, Economica, 1987, 103.
[iii] V. RAYMOND, Au temps des factoreries (1900-1950), Paris, Karthala, 1986.
[iv] Dans le domaine de l’armement, il convient de noter la haute prudence de la CFAO, en ce sens qu’elle s’est toujours refusée à prendre part au commerce en gros des armes de guerre. Voir à ce propos, H. BONIN, CFAO cent ans de compétition, op. cit., 34-35.

[v] A.N.N. 23. 4. 15. Rapport économique du cercle de Zinder 1949
[vi] A.N.N. 1Q 3.17. Rapport économique annuel 1934 de la colonie du Niger.
[vii] E. GREGOIRE, Les Alhazaï de Maradi, Paris, ORSTOM, 1986.
[viii] A.N.N. 17. 4. 24. Tahoua. Rapport d'ensemble : partie économique pour l'année 1949.
[ix] E. GREGOIRE, Les Alhazaï de Maradi, 25.
[x] E. GREGOIRE, Les Alhazaï, 25.
[xi] A.N.N. 1Q 25.8. Colonie du Niger. Affaires économiques : Relevés des antériorités des maisons de commerce des années 1937 à 1944.
[xii] A.N.N. 14.4.4. Maradi : Rapport économique du 4e trimestre 1935
[xiii] A.N.N. 23.4.6. Zinder : Rapport économique d'ensemble 1935
[xiv] A.N.N. 1Q25.8 Colonie du Niger. Affaires économiques : Relevé des antériorités des maisons de commerce de 1937 à 1944.
[xv] A.N.N. 1Q 4.20. Colonie du Niger. Affaires économiques : correspondances relatives à l'office de débouchés par les maisons de commerce exportatrices de produits coloniaux.
[xvi] A.N.N. 1Q. 7.9. Correspondance relative à la traite des arachides 1937-1938.
[xvii] A.N.N. 1Q 25.8. Colonie du Niger. Affaires économiques : Relevés des antériorités des maisons de commerce des années 1937 à 1944.
[xviii] Ibidem.
[xix] A.N.N. 1Q 4.20 Colonie du Niger. Affaires économiques : correspondances relatives à l'office de débouchés par les maisons de commerce exportatrices de produits coloniaux. 1935-1937.
[xx] Ibidem.
[xxi] Ibidem.
[xxii] Ibidem.
[xxiii] Ibidem.
[xxiv] A. LONDRES, Terre d’ébène (La traite des Noirs), Paris, Le Serpent à Plumes, 2000, P. 41
[xxv] M.M. CESSANS, Gestion de la trésorerie des entreprises : cas pratique de C.F.A.O et SCORE Niamey, mémoire de maîtrise en Sciences Économiques, option gestion des entreprises, F.S.E.J, Université de Niamey, 1987-1988, 16.
[xxvi] Y. PEHAUT, « L'arachide au Niger », in Etudes d'économie de la bibliothèque de l’Institut d'études politiques de Bordeaux, série Afrique noire, Paris, Éditions A. Pedone, 1970, 14.
[xxvii] Cf. E. GRÉGOIRE, Les Alhazaï de Maradi, OP. Cit.

© 2006 esrpritimperial.free.fr          -          maître de site : Hubert Bonin [administration]